Le battoir d’écorce est l’instrument le plus représentatif de l’ancienne culture kanak puisqu’on n’en trouve nulle part ailleurs que sur la Grande Terre de la Nouvelle Calédonie. Idiophone en forme de bourse triangulaire, sa longueur peut varier de 30 à 50 cms. Les battoirs fonctionnent par paires. Frappés l’un contre l’autre, par entrechocs, ils rythment le pilou, succession de noires-croches dans un tempo souvent inférieur à 120 BPM. Pour fabriquer un battoir, on incise le tronc d’un figuier en découpant dans l’écorce la forme voulue, qu’on décolle en passant une lame entre le bois et l’écorce et qu'on plie ensuite en deux. Les bords de l’écorce humide se recroquevillent naturellement sur eux-mêmes pour former une sorte de bourse qu'on façonne à la chaleur de la flamme avant de la fourrer de matière végétale. Pour conférer au bwan-jep une dimension spirituelle, le musicien peut enfouir une ‘magie’ – petit objet, morceau d'os, etc. – à l’intérieur.
Battoirs d’écorce
Rythme du pilou frappé en alternance sur des battoirs par deux musiciens
Idiophone en bois ou en bambou, à fente(s) ou sans fente, le tambour accompagne les danses traditionnelles kanak sur la Grande Terre de la Nouvelle Calédonie et aux Îles Loyauté. Les rythmes les plus fréquemment pratiqués sur l’instrument sont le "pilou" et le "rythme à quatre" (Cf. mp3 ci-après), accompagnant les danses imitatives.
Lorsqu’il est en bois, le tambour se présente généralement sous la forme d’un tronc de 50 à 60 centimètres de longueur et d’un diamètre de 25 à 35 centimètres. Évidé (tambour à fente) ou non (tambour frappé), il est rarement décoré. Le musicien s’assied au sol, pose l'instrument devant lui et le frappe à l’aide d’un ou deux bâton(s) de bois dur.
Lorsqu’il est en bambou, l’instrument, d’un diamètre inférieur à 25 centimètres, d’une longueur variable, peut atteindre deux mètres. Les fentes – 1, 2 voire 3, lorsqu’il y en a –, longitudinales, occupent les entre-nœuds. Les parois des nœuds ne sont pas percées. Le tuyau de bambou peut être frappé au sol comme le tambour de bois ou être posé sur un support ; les percussionnistes se distribuent alors le long de l’instrument : un par fente et jouent debout.
Ceux qui sont sensibles à la préservation du patrimoine immatériel des musiques de tradition orale se réjouiront de la réapparition sur la scène musicale de la flûte kanak, une longue flûte traversière courbe, fabriquée dans un roseau rigide de la famille du bambou, percée de deux trous le long du tuyau et parfois aussi à son extrémité.
Les derniers "vieux" à pratiquer l'instrument avaient disparu au début du XXe siècle en emportant avec eux leurs secrets de fabrication et la façon d'en jouer. Après plus de quatre ans d'enquêtes sur le terrain, d'études aux îles Vanuatu où des flûtes semblables sont encore utilisées, la flûte kanak est enfin de retour. Ricardo Poiwi, de la tribu de Oua Tom, que j’ai enregistré à Oueno en décembre 2015, nous fait entendre les sons doux, éthérés, teintés d'harmoniques, de l’instrument.
Le charonia tritonis, ou ‘triton géant’ ou encore conque, est un mollusque de grande taille pouvant atteindre 50 centimètres, affectionnant les fonds sablonneux aux alentours des récifs coralliens. Les Mélanésiens, comme d’autres peuples, utilisent depuis des temps immémoriaux sa coquille spiraléecomme trompe et moyen de communication : signal de ralliement, utilisation sacrée ou annonce d’un évènement extraordinaire. On perce le coquillage sur le côté ou on l’ampute de son extrémité pointue (l'apex) pour obtenir une embouchure et le transformer ainsi en instrument à vent ; la colonne d’air est alors mise en vibration par les lèvres du musicien. En Nouvelle Calédonie, actuellement, les conques sont droites (embouchure à l’extrémité) et sont appelées ‘toutoutes’. Étant donné le caractère hautement symbolique du toutoute, seuls les hommes peuvent en jouer. Le 3 juin 2015, les toutoutes de l’Île de Maré ont résonné pour annoncer la mort du Grand chef Naisseline.
Conque transversale de Papouasie-Nouvelle Guinée (longueur 36 cms)
De forme sphérique aplatie, d’un diamètre de 20 à 25 cms, le paquet de feuilles (be à Maré, pë à Lifou, bwin à Ouvéa) est utilisé aux Îles Loyauté. À l’origine, c’était un instrument éphémère confectionné à partir des feuilles d’un arbre, le macaranga vedeliana, fourrées de fibre de noix de coco et nouées avec des nervures de cocotier. Aujourd’hui, une enveloppe de fibre de coco bourrée de matière végétale ou de papier journal remplace souvent l'original et un filet de ficelle maintient le tout. Une ganse, passée au majeur, permet de tenir le paquet de feuille d'une main et de le frapper sur la paume de l'autre main. Ce sont surtout les femmes qui utilisent l’instrument : assises à terre en chœur, elles frappent ensemble les temps des danses traditionnelles tout en chantant. Le son produit est sourd et mat.
Paquet de feuilles actuel, confectionné à Lifou
Séquence rythmée : sonnaille, paquet de feuilles et wessel
Les sonnailles font partie intégrante du costume du danseur traditionnel de la Grande Terre et des Îles de la Nouvelle Calédonie. Dans les Îles, elles sont le plus souvent fabriquées à partir de jeunes feuilles de cocotiers entrelacées autour des chevilles ou des mollets et sont mises en vibration par secouement. On peut aussi, pour un résultat plus ‘sonore’, enfiler des fruits de cycas séchés et évidés sur une cordelette avant de les mettre au pied. Les danseurs ou danseuses sonorisent ainsi leurs mouvements en pilonnant le sol et en accentuant les temps forts du rythme du pilou.
Sonnailles mélanésiennes
Séquence rythmée : sonnailles attachées au pied, frappé sur le sol
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Le wessel peut se définir comme le sifflet traditionnel mélanésien d’aujourd’hui. Son nom viendrait de l’anglais whistle, qui signifie sifflet. À deux, trois, ou mieux, à quatre tuyaux, il est utilisé par les danseurs et musiciens, surtout aux Îles Loyauté de la Nouvelle Calédonie, pour accompagner les danses traditionnelles. À l’origine, le wessel était peut-être un sifflet de marinier, ou servait à l’arbitrage des matchs de cricket. Il aurait été adopté pour remplacer les sifflets végétaux. Les Mélanésiens s’en servent à la manière d’un orgue à bouche : pour varier les sons et les effets, il leur arrive de boucher en alternance avec la main gauche et la main droite un, deux ou trois tuyaux sur quatre en interprétant un motif mélodico-rythmique.
Wessels à 2, 3 et 4 tuyaux : la partie plate est celle qui est tenue entre les lèvres